Je ne me rappelle pas avoir jamais blogué sur un retour de concert, mais là, il y a des étoiles dans les oreilles, qu’il faut à tout prix empêcher de disparaître...

Un premier set qui démarre sur les chapeaux de roue d’un point de vue purement musical, mais qui aurait pu facilement tourner à la catastrophe. Un mix de façade à chier comme jamais (thank you "denis"). L’ensemble beaucoup trop fort (comme d’habitude), et Dave Weckl Acoustic Band mixé comme Chick Corea Electric Band. La batterie trop devant, le piano trop derrière, le sax noyé dans la purée générale. Et le son. Le son. Le piano du New Morning n’est pas si mauvais, mais là, c’est insupportable de médiums nasillards. En fait, le son est meilleur à travers mon casque de téléphone portable (j’ai oublié mes bouchons d’oreille). Enfin passons. la musique est là dès le départ, pas besoin de se chauffer pendant un set. On sent une cohésion et une complicité étonnante entre tous les musiciens. Et ça dépote, croyez-moi. Binaire, Cubain, ternaire, le tout mélangé. Le premier set se termine par Nothing Personal, de Don Grolnick. Une petite pensée pour Michael Brecker au passage.

Mais le clou, c’est incontestablement la partie "improv" du deuxième set. On se serait bien fait un concert entier comme ça. Comme expliqué par Dave, il s’agit d’une série de solos/duos totalement improvisés et entre-mêlés de compositions. Là, c’est le feu d’artifice. La virtuosité, la musicalité et la complicité de ces types est juste indescriptible. Et tout le monde se fend la poire. Citations à deux balles, grossièretés atonales, arythmiques, tout le monde retombe pourtant toujours sur ses pattes avec une précision déroutante. On se demande comment on est passé de l’improvisation totale au morceau, et réciproquement. Tout coule de source, tout est limpide, Il semble planer un nuage de télépathie au dessus de la scène tellement l’anticipation du jeu de l’autre et la communion des discours est grande, le tout dans des mises en place époustouflantes, dans la virtuosité et la décontraction la plus totale, et surtout la joie de jouer. Dave Weckl est bien connu pour sa grande jovialité. Il a souri au moins 15 fois pendant ce concert, c’est-à-dire plus que je ne l’ai vu faire sur les 25 dernières années. Traduction: il prend son pied comme jamais. Les autres sont ilares, et nous aussi.

On repart avec des étoiles dans les oreilles, et surtout une leçon qu’il fait bon se rappeler: les plus brillants techniciens peuvent aussi être les plus grands musiciens.

On regrette un petit peu quand même le côté business (assez marqué chez Weckl / Oliver typiquement). Pourquoi interdire les photos ? Quel mal cela peut-il faire ? Et le CD à 20 euros alors qu’il est à 15 dollars sur le site de Dave... Bof. Je l’achèterai sur le site. Cela dit, avec les frais de port, ça va sans doute revenir plus cher... ;-)